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1997
Colloque "30 ans de sémiologie graphique"
144

Le développement de la graphique de 1967 à 1997

Graphic science developments from 1967 to 1997
Serge Bonin

Résumés

La Sémiologie graphique a été publiée en 1967. Il y a trente ans. Le Laboratoire de Cartographie de la 6ème section de l’École Pratique des Hautes Études existait depuis une douzaine d’années ; créé par Lucien Febvre et soutenu par Fernand Braudel, présidents de l’institution, Jacques Bertin en était le directeur. Depuis, la 6ème section de l’École Pratique des Hautes Études est devenue l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, et le Laboratoire de Cartographie, laboratoire de service, est devenu le Laboratoire de Graphique, laboratoire de recherche. Trente sept ans d’activité au laboratoire, dont près de trente passés auprès de Jacques Bertin, m’autorisent à livrer une réflexion sur le développement de la Graphique, à faire un bilan vu de l’intérieur.

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Texte intégral

Historique

1Plusieurs étapes peuvent être distinguées dans le développement et la vie de la graphique.

1957-1967 : années de réflexion et de gestation jusqu’à la parution de la Sémiologie Graphique.

2Les chercheurs, qui ajoutent, encore maintenant, des illustrations à leur texte au dernier moment, arrivaient au laboratoire avec leurs petits dessins ; nous étions chargés de les redessiner dans les délais les plus rapides, bien sûr. Par ailleurs, nous pouvions constater que peu de personnes regardaient ces dessins dans les publications, que très peu les comprenaient, parce qu’ils étaient difficiles à décrypter, sans information apparente ; ils étaient donc inutiles.

3Nous avions alors deux solutions : soit recopier bêtement ce qui nous était apporté ; soit essayer d’analyser et de comprendre le contenu du dessin, puis reconstituer le tableau de données, réfléchir sur une construction qui permette de voir rapidement si une information intéressante apparaissait, et en fonction d’une réponse positive, reconstruire une image utile.

4Faire une réflexion sur le pourquoi de l’inutilité de ces dessins a été la solution systématiquement choisie, ce qui amenait logiquement à réfléchir sur le comment réaliser une image utile. C’est à partir de l’analyse systématique de centaines d’images que Jacques Bertin a pu définir les variables visuelles et structurer les premières règles de construction de l’image graphique.

5Ces premiers résultats débouchent sur la Sémiologie Graphique en 1967.

6Parallèlement, dès 1964, Jacques Bertin réalise les premières cartes automatiques sur une machine à écrire IBM, dont les lettres ont été remplacées par des points proportionnels, connectée à un lecteur de cartes perforées.

1968-1985 : la mise en place des traitements graphiques, et la mise en pratique des constructions graphiques.

7La découverte de la mobilité de l’image graphique a apporté une dimension supplémentaire à la graphique : la mise en place des cinq types de traitement, que sont la matrice ordonnable, le fichier-image, la collection de courbes, la collection de cartes, les tableaux ordonnés, a permis de structurer quasi-définitivement les constructions graphiques et, ce faisant, la graphique (la seconde édition de la "Sémiologie graphique"est parue en 1973 et "La graphique et le traitement graphique de l’information" en 1977).

8À cette époque, un fichier-image est un ensemble de fiches en carton sur la tranche desquelles on visualise les données ; plus tard, on utilisera des feuilles de papier ordinaire de format 21 x 29,7, pliées en quatre, plus économiques, plus pratiques : la précision est relative, mais c’est un outil de travail, "qui marche" et que tout le monde peut réaliser facilement. Les matrices sont construites avec des dominos en plastique, percés, sur quatre faces, de trous à travers lesquels passe une tringle qui permet d’isoler une ligne ou une colonne, de la déplacer, de la ranger à côté de celle qui lui ressemble ; sur les deux autres faces est représenté un des onze paliers de la gamme visuelle (une personne a découpé, collé, décollé, recollé des bandes de papier pendant des semaines sur des milliers de dominos ! ). Ce matériel manuel de traitement, qui a rendu bien des services pendant plus de dix ans, a permis de traiter visuellement des tableaux de données de 100 x 100, voire 300 x 100. Ce matériel expérimental a eu le mérite d’exister avant l’arrivée de l’ordinateur, même si le traitement matriciel n’a pas eu, par la suite, le développement auquel il pouvait prétendre.

9C’est plus tard, au cours de cette période, que des cartes sont réalisées sur un ordinateur H.P. 9825 et que le logiciel T.M.C. (traitement matriciel et cartographique), fonctionnant sur Apple 2, est développé au laboratoire de graphique : ce logiciel permettait d’afficher et de traiter des matrices ordonnables et des fichiers-image, et de réaliser rapidement, dans la foulée, à la demande, les cartes correspondant à différentes étapes du traitement ; cette dernière étape, à ma connaissance, n’a pas été réalisée depuis dans les rares autres logiciels de traitement.

10C’est pendant cette période, que l’activité du laboratoire de graphique a été la plus importante et la plus féconde : à travers l’aide aux chercheurs et aux étudiants de toutes disciplines (géographie, histoire, sociologie, architecture, médecine, hippisme...) et de nationalités diverses (il y a eu des années québecoise, grecque, brésilienne, nord-africaine, noire-africaine), nous avons testé et appliqué ces nouvelles méthodes de recherche, qui permettent de suivre un traitement de bout en bout, de la constitution du tableau de données jusqu’à la mise en page de la publication qui en résulte ; les membres du laboratoire de graphique ont réalisé eux-mêmes la mise en page de la quasi totalité des articles et des ouvrages qu’ils ont écrit, assurant ainsi la bonne cohésion du lien entre le texte et l’image nécessaire à une bonne communication des résultats d’un traitement, ou à l’efficacité du développement d’une démonstration théorique ; suffisamment de bêtises ont été commises par des imprimeurs ignorants de notre démarche.

11C’est aussi un enseignement, diffusé par plusieurs membres du laboratoire, dans le cadre de l’École des Hautes Études, dans différentes universités, au D.E.S.S. de cartographie (université de Paris-1), à la M.S.T. de cartographie (université d’Orléans), dans des organismes d’état (I.N.S.E.E., ministères de l’agriculture, de l’Éducation nationale...), ou privés (Centre de Formation des Journalistes par exemple).

12C’est aussi la période pendant laquelle Roberto Gimeno montre le rôle important que peut jouer la graphique dans l’apprentissage de toutes les disciplines dans l’enseignement élémentaire, et le processus de développement des connaissances chez les jeunes enfants ("Apprendre à l’école par la graphique" est publié en 1980).

13Cette activité est prolongée par la publication de nombreux articles et de l’"Initiation à la graphique", de Serge Bonin, ouvrage de vulgarisation paru en 1975.

1985-1995 : le développement de techniques nouvelles, parallèles.

14Différentes méthodes de traitement se développent ou apparaissent dans la plupart des disciplines. Ainsi dans le cadre de la géographie quantitative, les traitements statistiques et mathématiques (analyses factorielles, hiérarchiques et autres) prennent une place prépondérante, moins subjectifs, plus scientifiques nous disait-on.

15Mais c’est aussi, et surtout, le développement rapide de l’outil-ordinateur et de l’informatisation, qui stoppe l’utilisation des traitements graphiques et nuit au développement de la sémiologie graphique. Il n’y a pas, en effet, de logiciel de traitement graphique (le logiciel T.M.C. sur Apple 2, avec son dessin matriciel, est obsolète), et le projet "surtraitement", qui devait réunir dans un seul ensemble les méthodes de traitement mathématiques et graphiques, et la cartographie, mis au point par Jacques Bertin en 1975, n’a pas été soutenu par l’administration de tutelle du laboratoire de graphique.

16C’est seulement à la fin de cette période que deux logiciels de traitement matriciel voient le jour : Mac-map et Amado, qui sont toujours opérationnels aujourd’hui, quoique insuffisamment développés (le suivi cartographique n’existe pas). La plupart des logiciels, proposés sur le marché, offrent les solutions traditionnelles, inefficaces, pour la construction des diagrammes (fromages, colonnes empilées...), et ignorent l’existence des variables visuelles, en offrant, par exemple, des gammes de couleur ou de valeur erronées, en leurrant le client sur la possibilité d’utiliser n millions de couleurs.

17La facilité d’utilisation des outils informatiques l’emporte sur la capacité de réflexion des chercheurs : c’est un arrêt brutal du développement de la graphique, un retour en arrière.

Après 1995 : L’espoir d’un renouveau ?

18L’engouement pour l’informatique, "qui résout tous les problèmes", diminue. Un certain public recommence à réfléchir.

Quels sont les points forts de la graphique ?

19Rappelons brièvement ce qui caractérise l’originalité de la graphique, la bibliographie que le lecteur trouvera à la fin de cet article donnant les éléments nécessaires à une meilleure connaissance de la discipline.

20La graphique est un système de signes qui permet de transcrire les relations de différence, d’ordre ou de proportionnalité existant entre des données qualitatives ou quantitatives. Son domaine s’étend à la construction de toutes les cartes (habituellement différenciées entre topographiques et thématiques), à la construction des diagrammes (constructions matricielles et courbes) et des réseaux (organigrammes, généalogies ).

21La graphique structure la construction des images à partir d’une grammaire qui s’appuie sur les lois de la perception visuelle, perception universelle : la sémiologie graphique. Le langage visuel est lié à un système atemporel et spatial, différent du langage verbal lié à un système temporel et linéaire : il en résulte que la vision d’une image est immédiate dans sa totalité, au niveau global : construite suivant les règles de cette grammaire, elle est immédiatement compréhensible.

22L’organisation logique de ces images amène à les considérer en terme d’utilité et non d’illustration : la question "pourquoi dessiner ?" prime sur la question "comment dessiner ?" Une construction graphique efficace donne une réponse visuelle aux questions posées sur les relations qui existent entre les données considérées. Les questions (et les réponses) se situent à des niveaux différents allant du niveau global au niveau du détail, en passant par une série de niveaux intermédiaires.

23Il convient de distinguer deux utilisations de la graphique :

  • La graphique de communication, connue et utilisée, qui transmet, "aux autres", des informations par l’intermédiaire d’une image fixe, dessinée une fois pour toutes.

  • La graphique de traitement, récente et sous-utilisée, permet de découvrir, "par et pour soi-même", les informations contenues dans un ensemble de données, en reclassant, en transformant l’image graphique en fonction de sa propre réflexion, de ses propres décisions. Cette organisation personnelle de l’image permet d’orienter la recherche en fonction des questions que l’on se pose, et de choisir les étapes que l’on juge intéressantes. C’est un questionnement permanent, une remise en cause permanente, ce sont des décisions réfléchies. Le traitement graphique est un outil de travail.

24Le traitement, étape de recherche et de réflexion, précède la communication, stade de la décision et de la diffusion.

25Les constructions graphiques construites suivant les lois de la sémiologie graphique apportant information et réflexion, il va de soi que le texte final doit être écrit après la construction et le traitement des images, et non avant. Cette dépendance établit un lien étroit entre le texte et les images, que l’on aura choisies de publier, et par conséquent une conception particulière de la mise en page de l’ensemble texte-images.

1967-1997. Peut-on faire un bilan de trente ans ?

26La graphique est connue en France et à travers le monde. Plusieurs membres du laboratoire de graphique, d’anciens étudiants devenus enseignants ou professionnels de l’édition par exemple, ont assuré des cours, des séminaires, des conférences, en France et à l’étranger, essentiellement dans les pays de civilisation latine, participé à de nombreuses manifestations internationales (j’ai personnellement fait plus de deux cents interventions dans des organismes de niveaux très différents, allant du lycée technique au Centre d’Études Atomiques), écrit une centaine d’articles.

27La "Sémiologie graphique" a été traduite en allemand, en anglais, et vendue à 10 000 exemplaires en français ; "La graphique et le traitement graphique de l’information" a été traduite en allemand, en anglais, en espagnol, en japonais, en portugais ; l’"Initiation à la graphique" et "La graphique dans la presse", parue en 1989, sont épuisées.

28Qui sont tous ces lecteurs potentiels ? Que sont devenus ces milliers d’étudiants, d’auditeurs, de lecteurs ? Qu’ont-ils appris et retenu ? Quelle utilisation ont-ils fait de la graphique ? L’ont-ils, correctement, appliquée ? Sont-ils repris par les mauvaises habitudes ? Nous avons peu de réponses à ces différentes questions, nous ignorons quel est le véritable impact, quantitatif et qualitatif, de la graphique.

29Une certaine diffusion a donc été faite, mais les milieux dans lesquels la graphique est connue et appliquée restent essentiellement ceux des universités et de l’enseignement, plus particulièrement dans les sciences sociales et la géographie, et le domaine de l’édition.

30Or si la cartographie est très liée à la géographie, d’autres disciplines utilisent aussi des cartes, et toutes les disciplines traitent des données, utilisent et communiquent d’autres constructions graphiques, diagrammes et courbes en particulier. Mon expérience brésilienne récente montre que le plus grand intérêt et les meilleurs résultats ont été obtenus avec des étudiants non-géographes : des zoologues, des biologistes et botanistes, des gens de terrain, d’une part ; des étudiants en sciences de l’éducation, d’autre part.

31Les traitements matriciels sont très peu appliqués, et on a l’impression que seuls les problèmes de cartographie, à travers les variables visuelles, partie la plus facile à comprendre de la Sémiologie graphique, ont retenu l’attention. Pourquoi ? La réponse est dans le camp des chercheurs.

32Les traitements matriciels sont récents, et pendant une dizaine d’années ils ont été très utilisés (tout est relatif), en particulier par les géographes (cf. le bilan établi dans l’Espace géographique, n°4, 1977). Mais, un traitement graphique demande du temps, d’une durée non quantifiable, d’autant plus long que les informations seront intéressantes et que la réflexion personnelle sera plus longue. Il est certain qu’il est plus facile et plus tentant d’utiliser des traitements, ou des analyses, statistiques, qui donnent automatiquement et rapidement une solution.

33Si la logique de la graphique, en général, est facilement, et rapidement, comprise, seule la pratique, comme dans toute discipline, demande un temps plus ou moins long d’apprentissage et de maîtrise de la démarche et des différentes opérations à effectuer.

34Et il y a aussi les habitudes : il est très difficile de changer les habitudes, et toute évolution demande du temps, plus de trente ans sans doute. On est habitué à voir des camemberts en couleur dans une revue sérieuse : on continue à faire des camemberts. La carte et le diagramme, sont encore une illustration pour beaucoup : on n’est pas habitué à considérer une image comme un support de la réflexion. On est habitué à lire, à regarder des détails : on n’a pas été éduqué à voir, on ne regarde pas un ensemble. Aussi n’est-ce pas étonnant d’entendre, après une intervention de deux jours auprès de rédacteurs d’une revue d’économie : "ce que vous nous dites est très intéressant, très positif, mais dans quinze jours, lorsque je serai seul devant un problème à résoudre, j’essaierai de me souvenir d’une image correspondant à ce type de situation, je commencerai à me poser quelques questions sur la construction qu’il convient de faire, et lorsqu’il me manquera un maillon de la chaîne, je n’irai pas plus loin, je reviendrai à ce que j’ai l’habitude de voir ou de faire".

35Les lois de la sémiologie graphique sont strictes, et ne laissent pas de place à la diversité, à la poésie, nous fait-on remarquer : "vous faites toujours les mêmes images" Faut-il transgresser ces règles et jouer le jeu de réaliser d’autres constructions, la 3D, la multiplication des couleurs par exemple, peut-être agréables à l’œil, mais qui n’apportent pas d’information ? Ou faut-il produire des images utiles ?

36Malgré ces remarques, trente ans après, nous pouvons constater une évolution positive de certaines constructions, qui apparaissent être des applications de la sémiologie graphique : il est indéniable qu’une nette amélioration de l’efficacité des cartes et des diagrammes existe dans la presse, dans la majorité des journaux, écrits ou télévisés : la troisième dimension disparaît progressivement ; les cartes sont généralement plus simples et ne présentent plus une accumulation de signes. De nombreux diagrammes sont ordonnés, en fonction des quantités, au lieu de l’ordre alphabétique ou de l’absence d’ordre. La juxtaposition d’une image et d’un tableau de données devient un ensemble informationnel, alliant la vision globale et la lecture des détails. D’une manière générale, la lisibilité est meilleure, en relation avec l’utilisation du dessin par ordinateur, grâce aussi à la présence d’une nomenclature réduite à la seule qui soit utile.

37On constate une évolution identique dans les ouvrages scolaires, même si parfois l’on sacrifie à la mode du moment (réalisation de chorèmes pour des enfants de cinquième), et si l’on abuse encore de la couleur. Les productions dans l’édition se sont améliorées également. Nous connaissons quelques ateliers de cartographie, d’infographie, des réalisateurs indépendants, qui appliquent les lignes directrices de la graphique.

38On constate une meilleure application des variables visuelles. Mais il faut remarquer que, globalement, à côté de la couleur très présente, seulement "les deux variables de l’image" , la taille et la valeur, sont largement utilisées, la variation de forme, étant en régression. (On peut se demander pourquoi certains collègues cherchent à créer d’autres variables visuelles, la texture-structure, la 3D ou le temps, qui sont , en fait, soit une variable déjà existante, soit une variation non visuelle)

39Plus ennuyeux est le fait qu’en France le nombre d’enseignants qui diffusent la graphique se compte sur les doigts des deux mains, et que la relève de ces collègues ne semble pas assurée. On ne voit toujours pas poindre un enseignement de la cartographie, ou d’une manière générale, un enseignement du visuel, dans les écoles, collèges et lycées. On peut aussi regretter les déviations apportées, depuis quelques années, dans les deux formations de cartographie de l’enseignement supérieur (D.E.S.S. et M.S.T.), où la cartographie thématique est grignotée progressivement par les problèmes informatiques ou les banques de données topographiques ; les étudiants qui sortent de ces formations maîtrisent mieux maintenant les problèmes informatiques que les problèmes cartographiques, et deviennent des "commerciaux" dans des entreprises d’informatique où la cartographie, et surtout la bonne cartographie, est un domaine mineur.

40On peut se demander si l’avenir de la graphique ne passe pas par quelques pays étrangers comme le Brésil ou la Tunisie, où certains collègues connaissent parfaitement la sémiologie graphique, utilisent les constructions et les traitements à bon escient, s’attachent à diffuser la discipline, l’appliquent et la défendent dans leur enseignement d’une manière concrète.

41Il est dommage que les logiciels courants, d’utilisation facile, qui permettent de faire des cartes et des diagrammes, soient utilisés par des graphistes, des personnes qui n’ont aucune éducation cartographique, ce qui donne les résultats que l’on sait. On regrettera, également, l’absence de logiciels graphiques performants et l’absence de logiciels de traitement matriciel permettant de réaliser toutes les étapes, depuis l’entrée des données jusqu’à la cartographie finale. Tant que les enseignants, les réalisateurs et les utilisateurs de constructions graphiques n’auront pas éduqué et convaincu les informaticiens, créateurs de logiciels graphiques, de cette nécessité, la graphique continuera à stagner, ou à régresser.

42Enfin, quelle est la responsabilité du laboratoire de graphique dans cette évolution ? Sommes-nous restés confinés dans un milieu d’intellectuels théoriciens, qui s’est très peu intéressé à nos recherches et nous a rarement soutenu dans nos projets de développement ? Fallait-il aller frapper aux portes de certains organismes pour diffuser la discipline et réaliser des logiciels ? Fallait-il proposer nos services pour mendier des finances et du matériel ? Certains nous reprochent de ne pas l’avoir fait. Fallait-il écrire "la graphique en géographie", "la graphique en économie", "la graphique en sociologie", "la graphique en médecine"...quitte à répéter cinquante fois les mêmes concepts, les mêmes règles ?

43Faire ces constatations et ces réflexions, se poser ces questions, montre que le développement de la graphique s’est heurté, et se heurte encore maintenant, à de nombreux problèmes. Mais le message est passé auprès d’un certain nombre de personnes : enseignants, médias, décideurs, entre autres, doivent assurer l’avenir de la graphique.

© CYBERGEO

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Pour citer cet article

Référence électronique

Serge Bonin, « Le développement de la graphique de 1967 à 1997 », Cybergeo: European Journal of Geography [En ligne], Dossiers, document 144, mis en ligne le 17 novembre 2000, consulté le 28 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/cybergeo/490 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cybergeo.490

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Auteur

Serge Bonin

Maître de conférences (retraité) Laboratoire de Graphique - E.H.E.S.S., France

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Droits d’auteur

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Le texte seul est utilisable sous licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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