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2007
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Géocriminologie, quand la cartographie permet aux géographes d’investir la criminologie

Geocriminology, when cartography allows geographers to intrust criminology
Claire Cunty, Fabrice Fussy et Pascale Perez

Résumés

Le recours aux cartes et aux systèmes d'information géographique s'est développé en France dans le domaine de la délinquance et de la sécurité à la fin des années quatre-vingt-dix. L’objectif de cet article est de présenter le contexte de ce développement et de préciser les différents types d’usages de la carte. Dans un premier temps nous exposons le contexte théorique et politique dans lequel l’approche spatiale de la délinquance a émergé en France. Dès les années quatre-vingt, la focale portée par les criminologues sur les actes délinquants et non sur les individus délinquants suscite aussi l’intérêt des géographes qui cherchent à expliquer les conditions locales du passage à l’acte. En France, il faut attendre la fin des années quatre-vingt-dix avec la mise en place des politiques de prévention situationnelle et des contrats locaux de sécurité pour voir se développer les analyses spatiales de la délinquance.

Cet article propose dans un second temps, à partir de l'expérience des auteurs dans différentes institutions et entreprises (INHES, RATP, SNCF), une classification des usages appliqués de la carte dans le domaine de la sécurité en fonction de trois critères : le temps, l'espace et la variété des sources d'information. Deux usages à vocation opérationnelle sont d'abord distingués : l'usage de connaissance et l'usage tactique. La carte est un outil pour les acteurs de terrain qui peuvent ainsi connaître la situation sur le territoire qu’ils sécurisent et organiser leurs actions. Deux autres usages à vocation analytique sont ensuite identifiés : l'usage stratégique et l'usage politique. Ils concernent un public de décideurs, qui disposent, grâce aux cartes, d'un outil d'aide à la décision et d'évaluation des politiques menées.

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Texte intégral

Introduction

  • 1 Nous utilisons ici le terme de « crime », couramment utilisé dans la littérature anglo-saxonne. En (...)

1Un ensemble de disciplines étudie les transgressions des usages, des lois qui règlent la vie en société : la psychologie, la sociologie, l’anthropologie, la philosophie… À l’intersection de ces différentes approches, la criminologie peut se définir comme l’étude pluridisciplinaire du phénomène criminel et cherche à décrire, comprendre et expliquer les caractéristiques des délits et des crimes1 (Killias M., 1991, Gassin R., 1998, Cusson M., 2000). Développée essentiellement dans le monde anglo-saxon, le délinquant est vu comme un acteur guidé vers la déviance par une suite d’arbitrages conscients et rationnels.

2Les géographes ont mis longtemps à investir ce champ d’étude. Un courant de géocriminologie naît au début des années quatre-vingt-dix et considère le crime comme la rencontre à un moment et dans un lieu donnés de délinquants, de victimes ou de cibles potentielles dans une situation de contrôle défaillant (Brantingham P.J. et Brantingham P.L., 1991).

  • 2 On signalera la publication d’un atlas de la délinquance au début des années 1990, mais traitant le (...)
  • 3 Précédemment IHESI (Institut des hautes études de la sécurité intérieure).

3Cet article a pour ambition de présenter les théories, méthodes et outils de la géocriminologie à travers l’expérience de trois géographes dans un cadre professionnel. Il ne s’adresse pas aux spécialistes de criminologie mais souhaite sensibiliser le géographe sur une thématique trop rarement abordée jusqu’à présent en France2. Nous nous appuyons sur nos travaux, dans lesquels la cartographie a joué un rôle majeur, à l’Institut national des hautes études de sécurité (INHES3) et dans deux entreprises de transports publics : la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) et la Régie autonome des transports parisiens (RATP).

4Il s’agit dans un premier temps d’exposer les évolutions théoriques et politiques qui ont sous-tendu l’émergence très récente en France des analyses sur la dimension spatiale de la délinquance, analyses courantes depuis plus de 15 ans dans le monde anglo-saxon.

5Dans un deuxième temps nous présenterons à partir de nos expériences, dans un cadre appliqué, les différents types et niveaux d’usage des cartes dans les institutions et organismes chargés de la sécurité.

Une évolution théorique et politique qui accroît le rôle de la dimension spatiale de la délinquance

6Le développement des études spatiales de la délinquance depuis la fin des années quatre-vingt peut s’expliquer par une double évolution. D’une part, une évolution dans les paradigmes de la criminologie : si les premières études criminologiques s’intéressent aux délinquants, c’est-à-dire aux individus, l’objet d’étude d’un nouveau courant de la criminologie devient clairement le délit, autrement dit l’acte en lui-même. Dans ce cadre, la situation de l’acte et donc les conditions locales de sa réalisation vont prendre une importance particulière. De là émerge une approche spécifique sur les lieux de commission des actes (Crime Place, Eck J. E. et Weisburd D., 1995). Parallèlement un autre courant s’intéresse à la pratique spatiale des auteurs des actes délinquants, aux modi operandi. Ce courant du « profilage géographique » (Rossmo K., 2000) n’est pas abordé dans le présent article.

7Les nouvelles perspectives d’analyse s’accompagnent d’autre part d’une évolution des politiques de lutte contre la délinquance. En effet, aux politiques de prévention tournées vers les auteurs des délits viennent s’ajouter des mesures dites de « prévention situationnelle » dont l’objectif est d’empêcher le passage à l’acte.

Les concepts de la criminologie liés à la dimension spatiale de la délinquance

Les difficultés d’une analyse spatiale des individus délinquants

  • 4 Le taux de criminalité est défini par le nombre d’infractions rapporté à la population du territoir (...)

8Depuis le début du xxe siècle, les études sociologiques cherchent à identifier les conditions sociales (lien, contrôle, intégration) favorisant les tendances à la délinquance. Dans ces études essentiellement centrées sur les délinquants, l’espace est parfois intégré. Ainsi, les sociologues de l’École de Chicago (notamment C. R. Shaw et H. D. McKay, 1942) soulignent l’importance de la désorganisation sociale dans le « milieu de vie » pour expliquer les comportements déviants. Vingt ans plus tard, en France, D. Szabo (1960) analyse les rapports statistiques existant entre les caractéristiques socio-économiques des arrondissements judiciaires et leur taux de criminalité4. Mais la validité des conclusions de ces études est remise en cause par l’erreur écologique qui consiste à appliquer à un niveau individuel des corrélations constatées lors de l’étude d’une collectivité. Par exemple, s’il existe une relation de dépendance statistique positive entre le taux de chômage d’un quartier et son taux de criminalité, cela ne signifie pas que les chômeurs sont des délinquants. De plus, sont mis en relation ici les actes délinquants et la population résidente, or les délinquants n’habitent pas forcément le quartier où ils commettent leur délit. Le lien entre le délinquant et son lieu de vie ne peut être analysé que par des études individuelles. V. Stanciu (1968) a par exemple décrit la « Géographie du crime à Paris » en travaillant sur les conditions de vie des délinquants d’après l’adresse même de leur domicile, la dimension spatiale est alors rattachée à l’auteur (cadre de vie, histoire de vie). Aujourd’hui, les conditions juridiques d’accès aux données personnelles concernant les auteurs et les victimes d’infractions ne facilitent pas le développement de ce type d’étude, la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) considérant en effet une adresse comme une donnée personnelle. Par ailleurs la base de données police (Système de traitement des infractions constatées – des faits constatés et élucidés : STIC-FCE), qui contient ces informations, ne concerne que des mises en cause et non les seuls coupables et n’est en outre pas accessible aux chercheurs.

9C’est à partir des années quatre-vingt, que plusieurs criminologues ont centré leur attention sur l’acte délinquant et les décisions qui conduisent le délinquant au « passage à l’acte ».

Les « opportunités » criminelles

10L. E. Cohen et M. Felson (1979) formulent une proposition célèbre sur l’opportunité criminelle qui énonce en substance qu’on est en présence d’une « opportunité » criminelle lorsque trois éléments convergent dans le temps et dans l’espace : un délinquant potentiel, une cible intéressante et enfin l’absence de gardien capable de prévenir ou d’empêcher le passage à l’acte. Le délinquant potentiel est un individu ayant la motivation suffisante pour passer à l’acte et sa prise de décision résulte d’une certaine rationalité (évaluation des risques, des coûts et des bénéfices). La cible intéressante représente une valeur élevée et doit être visible ou accessible. Les gardiens sont de trois types : les personnes ayant de l’influence sur le délinquant (parents, amis, enseignants, etc.), les protecteurs des cibles qu’il s’agisse de personnes ou de biens (vidéosurveillance, alarme de voiture, etc.), les garants de la sécurité (police, sécurité privée, etc.) et gérants des lieux (gardiens d’immeubles, responsables de magasins, etc.). La convergence de ces éléments confère selon ces auteurs une grande valeur explicative à la notion de proximité : tout ce qui rapproche le délinquant de la victime potentielle augmente le risque de victimation.

11L’analyse des « opportunités » criminelles requiert un accès aux données concernant les infractions. Or, l’information issue des statistiques de la police ou du « gestionnaire » de l’espace concerné ne prend pas en compte l’intégralité des faits commis mais seulement ceux constatés ou rapportés et enregistrés. Il convient de garder à l’esprit deux limites majeures liées à l’enregistrement : l’absence de déclaration à l’autorité compétente (le chiffre noir) et la surdétermination de l’information suivant l’institution qui la collecte (en fonction de ses compétences, ses intérêts, ses besoins…).

Comment les géographes ont pris leur place dans l’analyse des faits de délinquance ?

12Ces nouvelles approches en criminologie ont influencé les orientations des géographes qui ont entrepris d’examiner les relations entre l’espace et la criminalité à travers l’analyse des caractéristiques des espaces eux-mêmes. L’objectif est de comprendre la répartition géographique des infractions.

13Dans un premier temps, les géographes ont intégré à des niveaux agrégés (quartiers, crime space (Eck J. E. et Weisburd D., 1995)) des données socio-économiques et des variables sur l’environnement physique dites variables environnementales (densité structurelle, type de bâti, occupation du sol, morphologie de la voirie…). Naît alors l’analyse environnementale qui va mettre en avant différentes corrélations entre types d’actes et variables contextuelles. A cet égard, S. Greenberg et W. Rohe (1984) ont testé l’influence des facteurs sociaux et des variables environnementales sur trois quartiers d'Atlanta. Les caractéristiques physiques se sont révélées beaucoup plus discriminantes que celles permettant d’évaluer le niveau de contrôle social pour expliquer les variations du niveau de criminalité d’un quartier à l’autre.

14Dans un second temps, une nouvelle échelle de travail se dessine ainsi qu’un nouvel objet d’étude bénéficiant des avancées cartographiques des SIG.

  • 5 L’objet de cet article n’est pas de présenter ces méthodes. Aussi pour approfondir la question le l (...)

15En effet, la désagrégation de l’information par les possibilités, fournies par les SIG, de géocodage à l’adresse exacte de commission des actes, fait apparaître une répartition hétérogène à l’intérieur des quartiers. Emergent alors des lieux de concentration de la délinquance (Crime places (Eck J. E. et Weisburd D., 1995)) appelés « hot spots ». Ces concentrations spatiales d’actes sont mises en valeur par un ensemble de méthodes d’analyse spatiale (plus proche voisin, distance, autocorrélation spatiale, lissage …)5.

16Pour comprendre la répartition des actes à cette échelle locale, les chercheurs se sont attachés à analyser les lieux à partir de leur fonction et de leur niveau de protection et de contrôle (système de sécurité, gestion des espaces et vulnérabilité des cibles). Certaines installations semblent ainsi susciter des infractions sur le lieu même ou dans son entourage. Ainsi, en comparant dans le Bronx et à Chicago la distribution spatiale des vols qualifiés et des stations de métro, R. Block et C. R. Block (2000) ont mis en évidence la concentration des vols dans les rues avoisinant les stations de métro. Des conclusions similaires avaient déjà été établies sur la proximité des centres commerciaux ou des débits de boissons (Brantingham P. J. et Brantingham P. L., 1993 et Roncek D. W. et Maier P. A., 1994). En réalité, ce sont généralement les lieux qui ont un fort pouvoir d’attraction (gare, centres commerciaux, hôpitaux…) qui présentent un risque de commission d’infraction élevé. Ces lieux sont attractifs pour des flux de tous ordres qui augmentent le nombre d’occasions criminelles, les délinquants potentiels et les cibles intéressantes étant plus nombreux. Une fois les lieux vulnérables identifiés et repérés, un travail d’analyse sur les configurations favorisant les conditions du passage à l’acte peut être mené. Ce type d’analyse relevant de l’urbanisme voire de l’architecture (recoins, visibilité, éclairage, échappatoires …) n’est pas encore une échelle de travail courante chez les géographes.

17Les travaux effectués à l'INHES, à la RATP et à la SNCF ont pour objectif d'identifier, tant dans le tissu urbain que sur le réseau de transport, les lieux vulnérables, c'est-à-dire soumis à de fortes pressions délinquantes.

  • 6 Ces cartes sont issues de données d'un diagnostic sous clauses de confidentialité.

18À titre d’exemple, la carte d'une commune de la proche banlieue parisienne6 (figure 1) fait apparaître l’information concernant les délits à deux niveaux d’agrégation :

  • par quartier (avec le nombre brut d’atteintes aux biens et rapporté à la superficie),

    • 7 Lissage selon la méthode de Kernel, cf. CrimeStat III

    en fonction des zones de concentration au sein de ces mêmes quartiers (données lissées7 à partir de la localisation des faits à l’adresse).

19L’analyse des faits agrégés par quartier masque une répartition contrastée, fortement corrélée à la présence d’activités et d’équipements publics.

Source : IHESI, 2001

Figure 1 : Lieux de délinquance et territoires environnants

L’évolution des politiques de lutte contre la délinquance

20Les politiques de lutte contre la délinquance ont évolué depuis les années soixante-dix. Deux éléments majeurs de cette évolution expliquent l’intérêt de la géographie et de la cartographie dans le domaine de la sécurité publique : la mise en place de mesures de prévention visant à empêcher le passage à l’acte et la démarche partenariale territorialisée de lutte contre la délinquance.

La prévention situationnelle

21La grande majorité des mesures de lutte contre la délinquance cherchent à agir sur les tendances criminelles des individus (mesures sociales, éducatives, d’emploi…). À l’inverse, la prévention situationnelle née dans les années soixante-dix, s’inspire explicitement des théories de l’acte délinquant.

22La « prévention situationnelle » découle d’observations empiriques : la constatation, par exemple, que dans les autobus à impériale de Manchester, le nombre d’actes de vandalisme est vingt fois plus élevé à l’étage supérieur laissé sans surveillance qu’à l’étage inférieur (Mayhew P. M. et al., 1976). Des résultats semblent pouvoir être obtenus par des mesures simples, économiques et non contraignantes. « S’il est vrai qu’il est plus facile de modifier les situations que de changer les individus qui n’y tiennent pas, alors la prévention vient de trouver le moyen d’influencer les choix des délinquants. » (Cusson M., 2002, p. 38). Il s’agit d’une prévention fondée sur une conception du délit résultant autant de l’émergence d’une occasion que de la motivation de son auteur. Elle s’attache à réduire les occasions, au sens du dicton populaire « c’est l’occasion qui fait le larron ». Pour le criminologue M. Cusson (2002), « on entend par “prévention situationnelle” les modifications des circonstances particulières dans lesquelles des délits pourraient être commis afin qu’ils paraissent difficiles, risqués ou inintéressants pour qui serait tenté de les commettre. » (Ibid, p. 39).

23L’action de prévention situationnelle est spécifique ; elle prend pour cible un type de délit dans des circonstances bien définies (ex : vandalisme dans un autobus) et modifie l'alternative proposée au délinquant. Les techniques de prévention situationnelle ont été classées par R. V. Clarke (1995) en différentes catégories selon que la mesure vise à :

  • augmenter la difficulté du passage à l’acte (ex : installation de sièges anti-lacération),

  • augmenter le risque (ex : mise en place de rétroviseurs de contrôle pour surveiller l’étage du bus),

  • réduire les gains (ex : effacer systématiquement et rapidement tous les graffitis),

  • empêcher la justification (ex : les règles sont explicites et affichées pour être visibles par tous).

24La mise en place d’actions de prévention fait l’objet d’un diagnostic préalable, destiné à identifier et à comprendre les mécanismes et les conditions du passage à l’acte.

Les politiques locales de sécurité

25En France, les premières mesures de prévention situationnelles mises en place dans les années quatre-vingt-dix n’ont pas eu d’impact perceptible sur l’application de la cartographie et de l’analyse spatiale relative aux données de la délinquance contrairement aux États-Unis qui ont connu un développement important depuis le début de la décennie. Il a fallu attendre la mise en place des contrats locaux de sécurité (CLS) et la conception du diagnostic local de sécurité élaborée par l’INHES pour que soit entamée une démarche méthodologique autour de l’utilisation de la « Cartographie et de l’analyse spatiale de la délinquance » (IHESI, 2000).

  • Les CLS et les CLSPD

26Les contrats locaux de sécurité ont été définis par la circulaire du 28 octobre 1997 qui posait le principe d’un engagement contractualisé entre un certain nombre d’acteurs afin d’organiser le partenariat « avec tous ceux qui, au plan local, sont en mesure d’apporter une contribution à la sécurité ». Les CLS marquent ainsi une nouvelle ère des politiques de sécurité. La nouveauté tient particulièrement aux dimensions partenariales et territoriales de ces contrats passés entre des acteurs institutionnels, sociaux et économiques.

27En effet, la circulaire indiquait que le contrat pouvait concerner « une commune ou un groupe de communes formant une agglomération. Dès lors que les phénomènes de délinquance ou de violence sont communs à plusieurs villes et que la prévention ne peut être efficacement limitée à une seule commune […] Il peut également apparaître nécessaire que des contrats portent sur des quartiers déterminés ou sur des réseaux de transport, en particulier pour prendre en compte la dimension intercommunale des enjeux de sécurité ». La dimension territoriale de ces dispositifs impliquait une connaissance fine des phénomènes délinquants présents sur les périmètres concernés.

  • 8 Conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, créés en juillet 2002. Si l’archite (...)
  • 9 Si ces questions sont bien connues des géographes (cf. notamment Grasland C., 1997) les acteurs de (...)

28Émanations d’une volonté politique, les CLS, puis les CLSPD8 se voient dotés d’une méthode, d’objectifs et d’outils visant une approche globale partagée sur un territoire. La première phase du contrat consiste à réaliser un diagnostic local de sécurité. Les premiers besoins en matière de cartographie se sont d’abord exprimés pour l’appréciation et la transcription des situations. La carte se révèle alors être un formidable outil pour rassembler les données des différents partenaires et ainsi confronter les visions qu’ils peuvent avoir de l’organisation de la délinquance sur le territoire. En effet, l’hétérogénéité des découpages d’un acteur à l’autre (quartiers, ville, secteurs de la police nationale, de la police municipale, patrimoines bailleurs) se traduit par différentes représentations de la répartition des faits comme nous le voyons ci-dessous pour une commune d'Ile-de-France (cf. figure 2)9.

Source : IHESI, 2003

Figure 2 : L’influence des découpages sur l’image de la répartition des faits.

  • Les observatoires

29Des besoins d’évaluations des actions menées dans le cadre des CLS et des CLSPD et du rapprochement nécessaire des données de chaque partenaire sont nés les observatoires : les observatoires locaux de la délinquance, les observatoires à thématique « sûreté » de certaines entreprises françaises (SNCF, RATP, la Poste), mais également l’observatoire national de la délinquance (OND) créé en novembre 2003 dont l’objectif est de mutualiser l’ensemble des connaissances à l’échelle nationale et d’élaborer des analyses quantitatives et qualitatives de la délinquance.

30Les créations s’inscrivent dans une logique de contrôle des territoires. La cartographie apparaît alors comme un outil d’analyse et d’évaluation d’une information mutualisée et partagée. Les possibilités de ciblage géographique par l’identification des zones sensibles et de superposition avec les territoires d’intervention donnent aux différents partenaires les éléments pour mener à bien les stratégies communes.

31Les observatoires « sûreté », à l’image de celui créé par la SNCF, ont pour mission d’organiser le recueil des informations relatives aux infractions dans les emprises de l’entreprise et, d’autre part, de produire des analyses propres à guider les politiques globales de sûreté. Doté d’un système de recueil national de remontée d’information des actes constatés sur son réseau, l’entreprise a rapidement compris l’intérêt de développer un système d’information géographique prenant en compte le caractère évolutif et multifactoriel de la délinquance. En effet, seul un SIG permet d’articuler des champs de données variés avec une dimension géographique complexe. Il apporte ainsi aux décideurs un éclairage particulier sur des phénomènes insuffisamment analysés jusqu’alors, afin d’établir des stratégies de réponses plus diversifiées (préventive, éducative, dissuasive…) et permettre de mesurer l’impact et l’efficacité des actions menées.

Les usages de la carte dans la sécurité : quelles cartes pour quel public ?

32L’essor de la cartographie de la délinquance en France et à l’étranger ainsi que ses différentes pratiques nous amènent à proposer aujourd’hui une typologie de ces usages. Á cette fin, nous nous appuierons sur des exemples concrets de réalisation et d’utilisation à la RATP et à la SNCF.

33Si la conception des cartes facilite la représentation spatiale des phénomènes, elle n’exonère pas pour autant du travail de réflexion à effectuer en amont. En effet, il convient de garder en mémoire que l’outil cartographique ne répond qu’aux seules questions posées au moment de son élaboration et, plus exactement, dans le choix, le mode d’intégration et de représentation des données. La question des usages de la carte est ainsi une question récurrente (Groupe Dupont, 1988 ; Debarbieux B. et Vanier M., 2002 ; Bord J.-P. et Baduel P.-R., 2004).

34Sur la thématique de la délinquance, nous avons pu distinguer quatre types de cartographie en fonction de leurs usages, et donc de leurs destinataires. La figure 3 (inspirée de A. MacEachren et M. Kraak, 1997) permet de situer ces quatre types selon trois dimensions : le temps (durée de temps considérée), l’espace (étendue de l’espace considéré et niveau d’agrégation) et la diversité des sources d’information et des indicateurs. Le coin inférieur gauche du cube ainsi créé correspond à une carte localisée à une grande échelle géographique (une adresse, un lieu précis) prenant en compte un temps court et intégrant un faible volume d’informations. À l’opposé, le coin supérieur droit du cube caractérise une carte établie à une petite échelle, associée à un temps long et dont la construction nécessite l’intégration d’autres données, notamment contextuelles.

Source : d’après MacEachren et Kraak, 1997

Figure 3 : Usages de la carte dans la sécurité : aide à la décision et vecteur de communication

La cartographie de « connaissance »

35Le premier type de cartes correspond à des cartes de « connaissance ». Il s’agit d’une carte sommaire axée exclusivement sur une approche empirique. Elle a pour objectif le positionnement au jour le jour d’une seule catégorie d’infraction à partir de leurs coordonnées de commission. Avant l’expansion de la cartographie numérique et de ses facilités dans la représentation des données, ce type de carte était très répandu dans les commissariats de police. Il s’agissait des fonds de cartes ou des plans de quartier accrochés aux murs et sur lesquels on indiquait l’emplacement des délits au moyen d’épingles de couleurs ou de « punaises ».

36La vocation de ce type de carte est purement descriptive. Elle sert à identifier des zones prioritaires pour les acteurs de terrain, à décider par exemple du parcours d’une patrouille.

37Actuellement, la réalisation de telles cartes est facilité par l’usage des SIG mais repose sur un certain nombre de préalables. Il faut disposer de l’adresse exacte du lieu de commission afin de représenter la répartition réelle de la délinquance enregistrée. Il est impératif de disposer d’une adresse complète (numéro, type et nom de la voie) afin d’obtenir le positionnement géographique précis du lieu de l’infraction (géocodage). Dans la mesure où la cartographie vient généralement s’ajouter à un système d’enregistrement déjà existant, elle doit intégrer des données dont le but premier n’était pas d’obtenir une localisation précise. L’adaptation nécessaire des systèmes d’enregistrements pour la cartographie a souvent retardé l’utilisation de cette dernière. Ainsi le service sécurité de la RATP enregistrait les infractions commises sur le réseau bus en ne mentionnant que le numéro de la ligne et la commune, l’arrêt étant en saisie libre. Le géoréferencement à l’arrêt se trouvait alors conditionné par le degré de vigilance de l’opérateur de saisie.

La cartographie tactique

38Les cartes de connaissance correspondent simplement à la localisation des informations sur un territoire. Avec la carte de connaissance, on obtient donc un semis de point dont on va chercher à analyser la répartition pour isoler des zones de concentration. Ces zones de concentration (hot spots) sont représentées sur des cartes tactiques. Les fondamentaux restent identiques à ceux de la cartographie de « connaissance » mais la durée s’accroît et l’espace géographique considéré s’élargit.

39Le système de recueil journalier de l’information et de production de cartes développé par certains commissariats de police et polices municipales est un exemple probant de ce type de cartographie. Il apporte, en effet, une réponse tactique : les responsables en matière de sûreté ventilent les ressources et les moyens en fonction des évolutions spatio-temporelles de la délinquance sur leur territoire de compétence. Ces cartes sont donc des outils de management.

  • 10 Pour un arc Aij reliant les stations i et j, la covariance correspond au produit des écarts à la mo (...)

40Á titre d’exemple, la figure 4 montre les liaisons (par les tronçons de lignes de métro ou de RER) entre les stations les plus sensibles du réseau de transport de la RATP. L’identification de ces zones sensibles10, permet de définir les lieux à sécuriser en priorité. Le responsable de la sécurité sait ainsi que ses équipes, en concentrant leurs activités de prévention et de sécurisation sur les trajets proposés par cette carte (soit 15% du réseau), couvrent 60% des infractions enregistrées sur le réseau.

Source : RATP : Données relatives à la sécurité extraites de la base AIGLE – SAFIRS - Réalisation : Claire CUNTY

Figure 4 : Usage tactique : repérer les zones de concentration pour gérer les ressources

41Ce type de carte produite à des périodes successives doit permettre d’évaluer les actions et cibler dans l’espace l’intervention des équipes sur les zones de concentration des délits. Ces interventions, liées généralement à des mesures de prévention situationnelle, peuvent en effet entraîner des transferts de délinquance vers d’autres lieux, à d’autres horaires ou sur d’autres cibles (Repetto T., 1976). La comparaison de cartes tactiques à des dates différentes devrait mettre en lumière ces transferts. Toutefois, d’après notre expérience, ces phénomènes de transferts ne sont pas flagrants et difficilement perceptibles par une simple comparaison de cartes.

42Les deux types de cartographie descriptive que nous venons de présenter sont à vocation opérationnelle par opposition aux deux autres types, tournés davantage vers l’analyse.

La cartographie stratégique

43Les cartes stratégiques élargissent l’éventail des fonctions des cartographies d’inventaire en prenant en compte un temps beaucoup plus long, un territoire plus vaste et des données variées intégrant non seulement des données consécutives à la délinquance mais aussi des informations contextuelles et environnementales. L’objectif est de faire parler les acteurs concernés par la transgression des règles et des usages afin de dégager les mécanismes du phénomène délinquant. Ce type de carte permet de mettre en évidence la répartition et les caractéristiques de la délinquance et des espaces.

44Différentes méthodes ont été développées afin d’analyser le profil délictueux des lieux. La méthode du quotient de localisation (P. L. Brantingham et P. J. Brantingham, 1994) qui attribue une « spécialité » à chaque lieu étudié nous paraît de loin la plus pertinente. Par exemple, la SNCF cherche à adapter ses actions au profil de la délinquance qu’elle peut constater dans certaines gares.

  • 11 Quotient de localisation calculé comme suit :

45La figure 5 représente le quotient de localisation des gares pour les actes de malveillance contre ses installations. La taille des points montre le volume des faits. La couleur indique le niveau de spécialisation11 : les pastilles rouges (quotient de localisation > 1,5) révèlent ainsi des gares où la part des dégradations contre les biens, par rapport aux autres formes de délinquance (vols, violences…), est sensiblement plus élevée que sur le reste du réseau considéré. Dégager cette spécialisation permet par exemple ici de cibler au mieux les moyens spécifiques de protection.

Sources : SNCF (CEZAR/RGI)/ IGN (Route 500)

Figure 5 : Actes de malveillance contre les biens sur un réseau de gares de l’est francilien

46La cartographie stratégique contribue également à faire émerger des évolutions, des tendances dans le temps (temporalités, cycles de retour…) et dans l’espace (phénomènes de propagation, de régression, de stagnation…).

47La mise en contexte des données avec des informations sur l’occupation du sol, le réseau de communication, les caractéristiques socio-économiques de la population va permettre d’interpréter les concentrations spatiales de la délinquance. A ce titre, la figure 6 représente les actes de malveillance contre les biens constatés en ligne en 1999 et 2003 associés à la densité de population des communes traversées par les lignes SNCF. Il apparaît très nettement une diffusion des actes de malveillance de Paris vers la grande couronne, suivant le gradient de la densité de population.

Sources : SNCF (CEZAR/RGI)/ IGN (Route 500)

Figure 6  : Evolution des actes de malveillance contre les biens sur le réseau SNCF de l’est francilien en 1999 et 2003

48La cartographie stratégique est utilisée à un niveau élevé dans l’organisation des institutions dans la mesure où elle permet de dévoiler et d’identifier les problèmes, d’établir des plans d’action et de conforter la démarche partenariale entre les différents acteurs.

La cartographie politique

49Il s’agit du stade ultime puisque la carte devient instrument d’évaluation statistique et de retour d’expérience. Outre l’intégration des éléments constituant la cartographie stratégique, la carte politique associe les réponses apportées par l’entité pour lutter contre la malveillance. À titre d’exemple, la SNCF, dans le cadre de mesures préventives, réalise des interventions dans certains établissements scolaires proches des voies pour contribuer d’une part à l’acquisition de la citoyenneté en réduisant les incivilités et en favorisant l’apprentissage de la vie en société et, d’autre part, à limiter les actes de malveillance commis à l’encontre des installations ferroviaires en sensibilisant les jeunes au respect des biens publics collectifs. Seule la localisation sur la carte de ces actions permettront de déterminer, d’une part, si le choix des établissements scolaires visités est pertinent (en fonction des lieux où les actes de malveillance ont été constatés) et d’autre part, si ces interventions portent leurs fruits.

50La cartographie politique poursuit donc les mêmes objectifs que la cartographie stratégique, auquels s’ajoute celui d’aider à la mise en place et à l’évaluation des politiques globales de sûreté.

Conclusion

51La vocation principale de la cartographie de la délinquance au sens large est d’être un outil d’aide à la décision à part entière ainsi qu’un vecteur de communication. Tour à tour outil de retranscription, d’information, de démonstration et enfin de décision, la cartographie de la délinquance permet, grâce à sa structure imagée, de délivrer un message simple et fort. Rien de plus concret qu’une carte, en effet, pour localiser et comprendre des actes ou des phénomènes en symbiose avec l’espace environnant. Cependant, comme tout message, elle se doit d’être accompagnée d’un commentaire concis alliant connaissance du terrain et pluridisciplinarité, afin d’éviter les nombreuses dérives connues et reconnues dans ce domaine.

52C’est pourquoi, outil d’analyse de la géocriminologie, elle se doit d’être intégrée dans un corpus méthodologique et théorique de l’approche géographique encore balbutiant en France. Á cet égard, les champs d'investigation à couvrir sont encore nombreux : des domaines comme le profilage géographique, les modes opératoires, la relation entre le lieu de domicile de l'auteur et le lieu de commission, la répartition de la victimation et de la plurivictimation restent encore inexplorés en France. Un des handicaps majeur réside dans les conditions d'accès aux données personnelles (dont l'adresse) et peut-être le peu d'intérêt que les écoles géographiques françaises portent à ce sujet. La mise en place de recherches sur ce thème est d'autant plus importante que la cartographie se développe actuellement au sein des observatoires locaux, sur des outils techniques déjà confirmés mais avec un manque considérable de références théoriques et méthodologiques d’analyse.

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Notes

1 Nous utilisons ici le terme de « crime », couramment utilisé dans la littérature anglo-saxonne. En France, l’usage du terme est délicat. En effet, les infractions à la loi y sont classées par ordre de gravité, en contravention, délit, crime. Le « crime » fait donc référence à une infraction particulièrement grave. Dans le langage courant, le terme de délinquance peut paraître ambigu dans la mesure où il évoque à la fois les actes délinquants et leurs auteurs. Dans notre propos, nous nous intéresserons uniquement aux actes délinquants et non à leurs auteurs. Par ailleurs, nous utiliserons indifféremment les termes de criminalité et délinquance en dehors de leur signification pénale.

2 On signalera la publication d’un atlas de la délinquance au début des années 1990, mais traitant le phénomène à l’échelle du département [Camilleri G. et Lazerges C., 1992].

3 Précédemment IHESI (Institut des hautes études de la sécurité intérieure).

4 Le taux de criminalité est défini par le nombre d’infractions rapporté à la population du territoire étudié.

5 L’objet de cet article n’est pas de présenter ces méthodes. Aussi pour approfondir la question le lecteur peut se reporter au logiciel CrimeStat III (nov. 2004) et à sa documentation www.icpsr.umich.edu/CRIMESTAT/

6 Ces cartes sont issues de données d'un diagnostic sous clauses de confidentialité.

7 Lissage selon la méthode de Kernel, cf. CrimeStat III

8 Conseils locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, créés en juillet 2002. Si l’architecture institutionnelle de la sécurité intérieure est modifiée, une certaine continuité des CLS est assurée.

9 Si ces questions sont bien connues des géographes (cf. notamment Grasland C., 1997) les acteurs de la sécurité ont bien souvent pris conscience de ces différences de répartition lors de la mise en commun des informations.

10 Pour un arc Aij reliant les stations i et j, la covariance correspond au produit des écarts à la moyenne du nombre de faits enregistrés en i et j. Pour plus de détails sur la méthode employée pour identifier les tronçons de ligne sensibles sur un réseau de transport : Cunty C., 2004, p349 à 351

11 Quotient de localisation calculé comme suit :

Ci : nombre de délits de type i
Ct : nombre total de délits
n : unité spatiale analysée
N : ensemble du territoire analysé

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Table des illustrations

Crédits Source : IHESI, 2001
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Pour citer cet article

Référence électronique

Claire Cunty, Fabrice Fussy et Pascale Perez, « Géocriminologie, quand la cartographie permet aux géographes d’investir la criminologie », Cybergeo: European Journal of Geography [En ligne], Cartographie, Imagerie, SIG, document 378, mis en ligne le 08 juin 2007, consulté le 18 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/cybergeo/7058 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cybergeo.7058

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Auteurs

Claire Cunty

Université Lyon2, UMR Géographie-cités, France, Maître de conférences , claire.cunty@univ-lyon2.fr

Fabrice Fussy

Université Paris 1, UMR PRODIG/CNRS, SNCF Direction de la Sûreté, France, doctorant en géographie, fabrice.fussy@sncf.fr

Pascale Perez

Responsable Sûreté, DPSV, OPAC de Paris, France, docteur en géographie, pa_perez@club-internet.fr

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